Confinement

Homélie du 13 novembre

M. Didier Rance.

Un aveu pour commencer : quand j’ai lu cet Évangile, j’ai eu un moment de flottement – mettez cela sur le compte de l’âge : j’ai oublié que Jésus nous parlait ici des jours du Fils de l’Homme et j’ai cru qu’il nous parlait du Covid– avec justesse d’ailleurs : d’une part sous le même toit, voire dans le même lit, il y en a un ou une qui est pris par le virus et l’autre non : d’autre part il y a ceux qui se surprotègent pour conserver leur vie et tombent malades voire en meurent, et d’autres qui ne se protègent guère et ne tombent pas malades - bref, une logique du virus qui nous échappe en partie même s’il vaut mieux, bien sûr, suivre les procédures qui nous sont demandées.

Mais je suis vite revenu de mon erreur. Mais j’ai alors constaté que cet évangile est en fait la suite de celui d’hier, qu’il en a été coupé seulement pour des raisons liturgiques. Or sur le sens de cet Évangile dans son entier, le P. Bruno Gonçalves nous a déjà tout dit hier et je ne pourrais que le répéter, sans être capable de son soin scrupuleux et de sa grande précision.

Tout au plus puis-je revenir sur le lien avec cet Évangile et ce que nous vivons actuellement, puisque l’époque que nous vivons – comme toute époque - est en relation directe avec Dieu et avec l’éternité, a quelque chose à nous dire à sa façon spécifique sur la fin des temps. Pas pour jouer les Vissarion de Sibérie qu’évoquait hier le P. Bruno, et pour vous annoncer que la fin du monde est toute proche pour très bientôt - ça c’est le secret du Père. Mais ne peut-on pas dire que ce temps du Covid par son côté de fin d’un monde, celui d’avant le printemps dernier, nous rappelle justement de façon un peu plus insistante que d’habitude que tous les temps depuis la Pentecôte sont proches de la fin du monde, qu’une distance plus fine que l’épaisseur d’une feuille de cigarette nous en sépare, celle entre le temps et l’éternité, car le Royaume est déjà parmi nous comme le soulignait aussi hier le P. Bruno.

Nous avons donc à vivre ce temps qui est le nôtre dans le paradoxe évangélique d’avoir à préparer et à se préparer, tout en sachant que de toutes façons que le Seigneur nous surprendra – et pour cela le Covid (mais pas que lui) avec tout ce qu’il brasse par exemple de remise en cause des savoirs « scientifiques » dans l’administration et la gestion des affaires humaines voire dans le domaine médical est une bonne piqure de rappel pour un monde qui se voulait, qui se veut, toujours plus rationnalisé, informatisé et donc éliminant toujours plus la surprise, qui est la vie même. Je vous laisse donc pour finir ruminer quelques instants la fameuse maxime du jésuite Hevenesi, qui se rapporte à ce paradoxe et qui est dit tout le contraire de ce qu’on lui fait habituellement dire - Crois en Dieu comme si tout dépendait de lui et agis comme si tout dépendait de toi - , alors qu’Hevenesi écrit au contraire “Crois en Dieu comme si tout dépendait de toi, en rien de Dieu. Agit en tout comme si rien ne devait être fait par toi, et tout par Dieu seul” - car c’est par le Oui de confiance qui t’offre à Dieu que tu permets au Christ d’agir en toi.

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