Confinement

Homélie du 6 novembre

P. David Vaimbois

Faut-il être niais ou naïf pour être « enfant de la lumière » ? Est-il nécessaire pour être sauvés que nous nous laissions marcher sur les pieds ? Les chrétiens sont-ils orphelins d’amis efficaces, désarmés, sans Salut et sans espérance ?

Pour le Seigneur, l’attitude de l’intendant est clairement immorale. Mais, Jésus interroge : pourquoi les enfants de la lumière sont-ils moins efficaces entre eux que les “magouilleurs” du monde matériel le sont entre eux ? Jésus désire que nous nous préoccupions activement de notre salut (qui n’est pas que le salut de notre âme). Le Seigneur souhaite que nous participions activement à la diffusion de Royaume de Dieu (en nous et chez les autres) avec sagesse, avec entrain à la manœuvre, employant toutes les “bonnes combines”. Pour l’intendant malhonnête, il y a urgence : il est en train de perdre son emploi ; et pour nous, est-ce une petite chose que de ne pas aimer le Seigneur, de ne pas être pleinement unis à Lui ? Est-ce une petite chose que des gens ne connaissent pas le Seigneur ?

Il s’agit donc de se faire de bons amis. Et, le premier “ami”, désigné dans les lectures d’aujourd’hui, c’est la Croix ! « Beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ » sous-entendu : il ne doit pas en être ainsi pour nous. Être ennemi de la Croix revient à tout référencer à soi, à son propre plaisir, à son confort. C’est se contenter d’amour facile, en toc, frelaté, qui n’exige rien de nous. C’est aimer avoir une vie commode et prétendument paisible, cette insouciance tranquille et désinvolte (cf. Ez 16, 49) qui nous éloigne – en douceur mais surement – de toute possibilité de conversion : « leur dieu, c’est leur ventre », « mangeons et buvons, car demain nous mourrons ». Être ennemi de la Croix, c’est se moquer du Christ et lui dire : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » En revanche, être ami de la Croix, c’est reconnaître notre péché, notre besoin d’être sauvé, avec confiance et humilité : « pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. […] Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Nous savons bien lequel des deux a été exaucé…

Nos “amis”, qui sont davantage que nous enfants de la lumière, ce sont les saints. Ayons leur audace, puisque tout est à nous : « Tout est à moi, tout est pour moi, la terre est à moi, les cieux à moi, Dieu est à moi la Mère de mon Dieu est à moi » (saint Jean de la Croix, Cantique spirituel, cité par SAINTE THERESE DE LISIEUX, LT 137). « Le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co, 3, 22-23).

Un autre “ami” c’est notre corps. Que faisons-nous de ce grand cadeau du corps, temple de l’Esprit Saint ? Que faisons-nous en pensée, en parole, par action et qu’omettons-nous de faire ? « Tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31). Par mon corps, je peux aimer, bénir, louer, chanter, servir, me donner. Par mon corps, je peux recevoir le Seigneur qui m’a sauvé par Sa Chair et me donne Sa Chair en nourriture. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». Mon corps n’est pas “à” moi : mon corps, “c’est” moi. Le Seigneur Jésus vient nous sauver, âme et corps, « lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir ».

Être ami de son corps, c’est aussi être ami du monde matériel, de notre réel, aujourd’hui et maintenant, qui est aussi le réel de la grâce. Le Seigneur ne prendra jamais notre place. À nous de prendre nos responsabilités pour être sauvés, d’agir (en homme, en femme, en citoyen, en chrétien), sachant très bien qu’en tout cela la grâce du Seigneur nous précède et nous accompagne. Il s’agit de porter chaque jour notre croix, sachant très bien que, c’est encore le Seigneur qui la porte. « Tout faire comme si tout dépendait de nous, sachant que tout dépend de Dieu ».

2 commentaires

  • Isabelle Bridet Reply
    7 novembre 2020 at 14 h 27

    Peut-on savoir qui a écrit cette belle homélie qui aide à mieux comprendre cet évangile ?
    En tout cas, il fait partie de ceux pas si évidents d’emblée que j’ai tendance à laisser de côté .
    Mais après 24 heures et plusieurs lectures j’y vois plus clair, merci !

  • Webmaster Reply
    7 novembre 2020 at 19 h 14

    Le P. David, pardon. J’ai corrigé.

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