Confinement

Homélie pour la Vigile Pascale

P. David Vaimbois

Mes frères,

Même si tout est fermé, même si tout le monde est confiné, même si l’église où nous célébrons est vide, voici la Pâque du Seigneur ! Même si nos sens ne vont pas être très flattés par la nouveauté de Pâque (le sont-ils vraiment les autres années ?), objectivement la Passion est derrière nous ; voici maintenant la Résurrection du Seigneur. Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Pendant tout ce Carême et cette Semaine Sainte, nous avons essayé, tant bien que mal, de faire quelques pas pour revenir au Père. Nous sommes restés confinés une bonne partie de ce Carême, ce qui a pu accentuer en nous le ressenti de nos échecs, de nos manques de charité, de notre incapacité d’aimer (le Seigneur, notre prochain, nous-mêmes). Ce confinement dure encore aujourd’hui, « et pour combien de temps ? Nul d’entre nous ne le sait ! » (Ps 73, 9). Alors, à quoi bon parler de Résurrection ? À quoi bon puisque nous sommes toujours confinés dans notre cœur racorni, confinés dans notre péché et menacés par la mort qui viendra, un jour ou l’autre…

Et bien, première "nouvelle" : ce confinement aura une fin. Je dirais même plus, ce confinement est déjà fini. Car le Christ est sorti du tombeau où Il était confiné et Il n’y retournera plus. Et, par le Baptême, nous voici libérés. Hier, au jardin d’Eden, après le péché originel qui nous valut la mort, le Seigneur Dieu a crié à l’homme : « Où es- Tu ? ». Son cri s’est prolongé jusqu’à la Croix, où le Christ Dieu rendit l’esprit en « poussant de nouveau un grand cri » (Mt 27, 50). Aujourd’hui, le Christ Jésus, Lui la Résurrection et la Vie, nous appelle comme Lazare, et crie d’une voix forte : « viens dehors ! » (Jn 11, 43). « Je te l’ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible ». (Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi). Si le Christ n’est plus confiné, s’il n’est plus au tombeau, nous sommes donc sortis, nous aussi, avec Lui. Nous ne ressentirons rien, mais, par le Baptême, tout enfermement sur nous-mêmes, sur notre péché et notre mort, est terminé, pour toujours. Plus rien ne sera comme avant. « Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6, 3-4).

Cette fois, ça y est ! Dans le Christ, nous pouvons ouvrir les yeux, être « comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gn 3, 5). Dans la Lumière de cette nuit, nous découvrons que la Miséricorde de Dieu précède nos repentirs. Le Seigneur nous a aimés, il nous a sauvés. « Pour racheter l’esclave, tu livres le Fils. […] Heureuse était la faute qui nous valut pareil Rédempteur » (Exultet). Oui, « heureuse faute » ! En ouvrant les yeux vers la Croix, arbre de Vie, et en mangeant son fruit, le Pain de Vie, le Christ Ressuscité, nous pourrons alors découvrir que le Seigneur ne nous attend pas pour nous pardonner : Il nous devance ! Cet Amour fou de Dieu est plus sage que nous ; bien plus, Il nous libère.

Le Seigneur Dieu n’a jamais pu se résoudre à notre péché, à notre vieillissement, à notre mort. Depuis la création de l’homme, Dieu veut faire de nous ses fils ; et la faute originelle n’a jamais rien changé à ce projet divin. Nous pouvons le dire et le croire : dans le Christ Ressuscité, le Père a fait l’impossible. Il a roulé la lourde pierre du tombeau que tous croyaient inamovible ; par notre Baptême, Il a changé Lui-même notre cœur de pierre en un cœur de chair. Il nous promet le souffle de l’Esprit Saint, qui a fait sortir les Apôtres du Cénacle – où ils s’étaient confinés – pour annoncer cette Bonne Nouvelle : Notre confinement dans la mort et le péché a pris fin. « Le Christ est ressuscité des morts ! Par sa mort, Il a vaincu la mort ! À ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la Vie ! » Sainte fête de Pâques !

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