Compte rendu, Oratoire Séculier, Trinité des Pèlerins

Image pour le jour des Rois (Trinité des Pèlerins)


Il était trois grands rois jadis,
Qu’une étoile de Paradis
Un soir mena jusqu’au lieudit
Où le Seigneur était petit.

Ils partirent pour voir l’Enfant,
Montés sur leurs trois éléphants.
Un nègre en pantalons bouffants
Jouait de la flûte devant.

Derrière allaient deux nains jumeaux
En balançant de grands plumeaux…
Ils traversèrent les hameaux,
Suivis de trente-trois chameaux.

Ils passèrent de bourg en bourg,
Précédés de quatre tambours,
S’interrogeant aux carrefours
De peur de marcher à rebours.

Mais à l’étable droits conduits,
Ils arrivèrent à minuit
Non sans faire quelque grand bruit...
Saint Joseph entrebâilla l’huis.

Ceints de pourpre qui resplendit,
Ils entrèrent. La Vierge dit :
« Prenez garde, Sires hardis,
De faire peur à mon petit. »
Mais les trois Rois, très bas, très doux,
Baissant le front, ployant le cou,
Se prosternèrent tout d’un coup
Disant : « Ayez pitié de nous ».

Et dans leurs trésors ayant pris,
Ils offrirent à Jésus Christ
L’or, l’encens, le myrrhe prescrits
Plus un don qui n’est pas écrit :

La galette dorée au lait
Où leurs Reines dans leurs palais
Ont pétri farine, œufs, sel et
La fève sans dire où elle est.

Lors tout riant le petit Dieu
De les voir si beaux, si pieux,
Leur fourra son doigt dans les yeux
Et tira la barbe au plus vieux.

Et le vieux Roi barbu, savant,
Et grave, et triste bien souvent
D’avoir souffert à tous les vents
Aussitôt redevint enfant.

Et quoique ayant eu des malheurs
Après – tous les rois ont les leurs –
Ce Sire, malgré maux et pleurs,
Mourut à cent ans l’âme en fleur.


PRIÈRE

Veuille, ô Jésus, nous qu’ont raidis
Le temps passé, les ans partis,
Comme lui nous garder petits
Jusqu’aux portes du Paradis.

Amen !

(Poème de Marie Noël, 1883 - 1967)

La galette élaborée par Jennifer

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