Confinement

Méditation sur la Croix

Méditation sur la Croix du P. Bombardier

Image : Une reproduction de la Croix de San Damiano qui a parlé à Saint François d’Assise. Le mystère pascal est montré dans son unité : le Christ est crucifié (ses plaies coulent, le centurion et les femmes et Jean au pied de la croix), il a les yeux ouverts et le corps doré (il est vivant, ressuscité) devant le tombeau (fond noir du bras vertical, les soldats le gardent) en haut, il est en Ascension vers le Père et son cou est gros, tenant l’Esprit Saint qu’il va souffler sur les siens et qu’il donne quand “il remet l’esprit”. Sous les pieds du Christ, il est descendu aux enfers pour sauver tous les hommes depuis Adam. Le magnifique nœud de son périzonium (linge autour de sreins) est un nœud de Grand Prêtre qui s’offre pour le salut de tous, donnant au monde le Grand Pardon de sa miséricorde.



Lecture du livre du prophète Isaïe : 52/13 – 53/12.

4e chant du Serviteur Souffrant, 1ère lecture du Vendredi Saint

Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ;
il montera, il s’élèvera, il sera exalté !

Le Seigneur Dieu, en ce 4ème chant du serviteur, prend tout de suite la Parole : Dieu le Père proclame, dès l’entrée de l’oracle, contre toute apparence, la victoire, l’exaltation de son Serviteur fidèle, pour nous la Résurrection du Christ et son exaltation à la Droite de la Majesté divine. Tout l’office de la Passion du Vendredi Saint est dans cette lumière encore discrète mais forte de la Résurrection, de la victoire, de la réussite du salut. Adorer la Croix, c’est adorer l’instrument de la victoire et de la Gloire du Christ.

Ta Croix ô Christ est notre lumière
Nous acclamons ta Résurrection
Qui donne la vie
Voir texte complet ci-dessous

La multitude avait été consternée en le voyant,
car il était si défiguré
qu’il ne ressemblait plus à un homme ;
il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme.
Il étonnera de même une multitude de nations ;
devant lui les rois resteront bouche bée,
car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit,
ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.
Qui aurait cru ce que NOUS avons entendu ?
Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ?

La communauté chrétienne - “nous” (53/1) “sa génération” (53/8) - est bouleversée autant par la souffrance du serviteur, si “défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme” et que, en même temps, par la réussite inattendue et glorieuse du serviteur. La communauté est “bouche bée” comme les rois et la multitude des nations à qui le fait est annoncé jusqu’à la fin des temps. Nous, ce soir.

Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive,
une racine dans une terre aride ;
il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards,
son aspect n’avait rien pour nous plaire.
Méprisé, abandonné des hommes,
homme de douleurs, familier de la souffrance,
il était pareil à celui devant qui on se voile la face ;

Le Christ dans sa passion : il est pourtant le “Surgeon puissant de la racine de Jessé” chanté par Isaïe (ch11) mais seul, martyrisé, incompris même de la plupart des siens, renié par Pierre, accompagné par Jean et quelques femmes, Marie sa mère, Marie de Magdala sans doute d’autres femmes un peu plus loin… peut-être quelques disciples : mais tout va si vite de par la volonté des autorités juives que peu de gens savent ce qui se trame… et c’est voulu ! Les autorités juives “se voilent la face devant lui” par l’horreur que cet homme leur inspire mais aussi, au sens figuré : ils ne veulent pas voir.

Et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait,
nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous pensions qu’il était frappé,
meurtri par Dieu, humilié.
Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé,
à cause de nos fautes qu’il a été broyé.

Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui :
par ses blessures, nous sommes guéris.

La communauté entre dans une plus profonde compréhension de ce qui se passe dans cet événement stupéfiant qui l’a d’abord complètement déconcertée. On passe de la certitude qu’il subissait un châtiment à cause de ses fautes à l’idée qu’en fait, ce n’était pas pour ses péchés qu’il recevait ce châtiment mais pour les péchés des hommes et de la communauté des disciples. Plus encore : “ le châtiment qui nous donne la paix avec Dieu a pesé sur Lui.”

Nous étions tous errants comme des brebis,
chacun suivait son propre chemin.
Mais le Seigneur a fait retomber sur lui
nos fautes à nous tous.
Maltraité, il s’humilie,
il n’ouvre pas la bouche :
comme un agneau conduit à l’abattoir,
comme une brebis muette devant les tondeurs,
il n’ouvre pas la bouche.
Arrêté, puis jugé, il a été supprimé.
Qui donc s’est inquiété de son sort ?
Il a été retranché de la terre des vivants,
frappé à mort pour les révoltes de son peuple.
On a placé sa tombe avec les méchants,
son tombeau avec les riches ;
et pourtant il n’avait pas commis de violence,
on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche.

Cette découverte éclaire la vie des disciples, et de tout contemplatif de cet événement, les remplit de confusion ; les motifs de honte augmentent à la mesure de la découverte de l’erreur et du refus de voir. Celui qui regarde en vérité le Serviteur découvre son errance, sa volonté rebelle pour suivre son propre chemin, ses fautes… et le silence du Serviteur comme « un agneau muet » est rude à supporter… Jean-Baptiste l’avait dit : Jésus est bien « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». L’austère prophète du désert avait raison. C’est le moment d’entendre le témoignage rapporté par St Jean (10,41-42) : « Beaucoup vinrent à Jésus en déclarant : “Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai.” Et là, beaucoup crurent en lui. »

Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur.
S’il remet sa vie en sacrifice de réparation,
il verra une descendance, il prolongera ses jours :
par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
Par suite de ses tourments, il verra la lumière,
la connaissance le comblera.
Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes,
il se chargera de leurs fautes.

La compréhension de la communauté progresse jusqu’à la découverte que cette mort ignominieuse du Serviteur est une volonté sainte du serviteur de “s’offrir en sacrifice”.

La communauté découvre alors que cette action du serviteur est la réalisation du Grand pardon, célébré chaque année sans effet ; l’auteur de la lettre aux hébreux écrit : “La loi de Moïse n’est donc jamais capable, par ses sacrifices qui sont toujours les mêmes, offerts indéfiniment chaque année, de mener à la perfection ceux qui viennent y prendre part. Il est impossible, en effet, que du sang de taureaux et de boucs enlève les péchés.” (Hb 10,1 et 10,4) Et le même auteur alors décrit l’offrande du Christ qui éclaire magnifiquement ce chant du Serviteur : “Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses (= le culte du temple avec ses sacrifices) pour établir le second (= le sacrifice du Christ et le culte chrétien en Esprit et en Vérité). Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. (Hb 10,6-10)”

Et Dieu reprend la Parole :
C’est pourquoi, parmi les grands, JE lui donnerai sa part,
avec les puissants il partagera le butin,
car il s’est dépouillé lui-même
jusqu’à la mort,
et il a été compté avec les pécheurs,
alors qu’il portait le péché des multitudes
et qu’il intercédait pour les pécheurs.




TA CROIX Ô CHRIST EST NOTRE LUMIÈRE
NOUS ACCLAMONS TA RESURRECTION
QUI DONNE LA VIE.

1 – Ton peuple racheté par Ta Croix victorieuse
Célèbre en ce jour Ta Victoire sur la mort.
Tout pouvoir T’a été donné au ciel et sur la terre
Ta croix est l’arbre de Vie du paradis nouveau.

2 – Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande Lumière :
Sur l’Arbre de la Croix s’est levé le Sauveur.
Son Royaume est un royaume éternel qui ne passera pas
Et tous les peuples, langues Le serviront.

3 – O Golgotha, colline sainte, où Adam fut enseveli
O Golgotha, centre du monde, sur toi se dresse le Christ
Il a semé la vie dans le lieu de tristesse
Et Il attire à Lui l’univers tout entier.

4 – Tu as pris sur Toi, ô Christ, l’antique malédiction
Elevé entre terre et Ciel Tu proclames la Paix.
A l’ombre de Tes ailes, Tu nous prends près de Toi.
Tu es avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

5 – Célébrons avec joie la résurrection du Christ
Nous qui étions ténèbres, devenons lumière dans le Seigneur.
Que les tombeaux s’ouvrent, que se lèvent les morts
Pour acclamer le Seigneur de la Vie.

3 commentaires

  • Rance Didier Reply
    28 mars 2020 at 8 h 04

    Merci P. Jacques pour cette méditation partagée pot nous.

  • Joël Reply
    28 mars 2020 at 10 h 29

    Lu et approuvé. Chaleureux merci, Anouba, Père Bombardier

  • Joël Reply
    1 avril 2020 at 16 h 54

    pardon, Abouna

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