Salvio Huix Miralpeix nait dans un village de Catalogne le 22 décembre 1877. Quoique fort aisés, ses parents sont particulièrement pieux. Trois jours après sa naissance ils présentent l’enfant à l’ermitage de Notre Dame del Pedro et le consacre à la Vierge Marie. A douze ans il entre au séminaire diocésain de Vic. Il s’y distingue par son sérieux, son application, mais aussi une évidente joie de vivre et un tempérament éruptif qu’il apprend à maitriser. Il est ordonné prêtre à 25 ans et part comme vicaire dans des paroisses rurales. Trouvant qu’il n’a pas assez de travail missionnaire, il entre chez les Oratoriens de Vic à 30 ans. Sa réputation de confesseur et son zèle pour résoudre des cas difficiles sont vite connus, ainsi que son ascétisme et sa modestie. A partir de 1917, il enseigne l’ascétique et la mystique au séminaire diocésain de Vic et dirige plusieurs revues de spiritualité. Il développe l’apostolat marial et les œuvres de bienfaisance. Il est prévôt de sa congrégation lorsqu’en 1927 il devient évêque de l’île d’Ibiza dans les Baléares, qui en est privé depuis 69 ans. Il y déploie rapidement une activité pastorale en toutes directions et les vocations sacerdotales et religieuses ne tardent pas à fleurir.
Quand les mesures anticléricales de la République espagnoles apparaissent et que les croix sont interdites dans les cimetières comme dans les écoles, Mgr Huix dirige la procession qui conduit à la cathédrale en portant lui-même sur son épaule le grand crucifix du cimetière.
En avril 1935, il est transféré dans la grande ville catalane de Lleida (Lerida). Il prépare les fidèles de son diocèse aux temps difficiles qui s’annoncent. Le 17 juillet 1936, la guerre civile éclate. Deux jours plus tard, Lleida tombe aux mains des groupes militaires communistes, anarchistes et socialistes venus de Barcelone, qui incendient la cathédrale et commencent à massacrer les prêtres (80 % de ces derniers seront tués en quelques mois, et dix oratoriens de Catalogne). Un séminariste de 15 ans est battu à mort après un simulacre de procès.
Le 21 juillet l’assaut est donné contre l’évéché. Mgr Huix réussit à s’enfuir par l’arrière du bâtiment. Mais pour ne pas mettre en danger la vie de ceux qui oseraient le cacher, il va se placer sous la protection de la Garde civile, qui l’emprisonne aussitôt et le dénoncent aux groupes armés. Il sait quel sort l’attend, mais son calme et sa paix frappent les nombreux détenus, qu’il confesse et réconforte.
Au matin du 5 août, il est sorti de prison avec 20 autres prisonniers. Le camion censé les conduire à Barcelone pour y être jugés s’arrête à hauteur du mur du cimetière. Mgr Huix, sans perdre sa sérénité, réconforte ses compagnons par un « Ja som a Sants » (« Nous sommes saints », expression populaire pour signifier la fin d’un voyage). Il obtient des bourreaux de pouvoir donner l’absolution à chacun de ses compagnons d’infortune qui sont fusillés un à un, avant de l’être à son tour.
Mgr Salvio Huix Miralpeix a été béatifié par le pape François à Tarragone le 13 octobre 2013 avec 521 autres martyrs. Il est fêté le 6 novembre.
Merci à M. Didier Rance pour cet article.