P. Xavier Grandpierre. Commentaire des lectures : « Demeurez en moi comme moi en vous »
Cette parole de Jésus dans l’Évangile du jour, soutient aussi la vie de l’Église primitive décrite dans le livre des Actes de la première lecture.
La question fondamentale de l’héritage judaïque dans l’Église naissante est posée à juste titre avec force par ses partisans, à celui qui a été le défenseur zélé des coutumes de Moïse comme pharisien : Paul. J’imagine que le rappel qui lui est fait de cette observance de la loi à laquelle il avait donné toute sa vie, a pu réveiller en Paul le combat pour la foi commencé à Damas. Cette lutte est restée à l’œuvre dans sa vie grâce à la liberté que lui donne la foi au Christ. De nos jours encore ce combat pour la foi existe pour tout chrétien, d’origine juive ou païenne, mais il résonne en ce qui concerne Paul à ce moment, avec la vigueur et la radicalité qu’on sait correspondre à son âme.
La contestation puissante et répétée de ses anciens frères pharisiens devenus chrétiens comme lui, mérite alors éclaircissement pour l’avenir de l’Église. La contradiction propage forcément, tant que ce n’est pas fait, l’incertitude légitime des personnes qui entendent des propos contradictoires. La réponse ecclésiale attendue doit exprimer ce qui est nécessaire pour être sauvé par Jésus-Christ. C’était un enjeu crucial qui pouvait accaparer les intelligences et les cœurs des nouveaux chrétiens, à commencer par leurs responsables ici : Paul et Barnabé.
Cependant, nous voyons dans leur manière d’agir, une confiance supérieure les habiter. Leur foi justement les conduit à témoigner à tous, avant toute chose, que leur joie est de pouvoir “demeurer en Jésus parce qu’ils croient que Lui demeure en eux” comme le Ressuscité l’a promis. Ainsi, malgré la lourdeur des questions à transmettre aux Apôtres de Jérusalem, en raison de divisions possibles à envisager, Paul et Barnabé n’oublient pas avec eux l’œuvre du Christ ressuscité qui les conduit par la foi.
Sur le chemin du retour, le texte insiste deux fois pour dire : « Ils racontaient la conversion des nations, ce qui remplissait de joie tous les frères. » et arrivant à Jérusalem : « Ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux. » Que de consolations proviennent de leurs témoignages !
Ni accablés par le souci d’être contredits, ni illuminés au point de négliger la question des observances juives préparatoire à la Nouvelle Alliance, nos deux envoyés reviennent objectivement « examiner cette affaire » en la soumettant, en dehors de leurs seuls avis, à l’Église de Jérusalem réunie autour de Pierre et des autres apôtres.
Pour nous aussi les difficultés rencontrées sur le chemin de notre foi en Jésus, aussi imprévues et lourdes puissent-elles être, intérieurement pour l’âme ou provoquées par des déceptions extérieures, n’empêchent pas le Christ par son Église dont il est la tête, de nous sauver. Pour autant que nous prenions la mesure extraordinaire des paroles de Jésus pour vivre de lui dans la foi : « Demeurez en moi, comme moi en vous. »… Méditons sur les œuvres du Seigneur et prions pour en transmettre nous aussi les fruits.